Une fausse alerte avant le Jour

Nous sommes le dimanche 21 juin 2020, jour de la fête de la musique. C’est le moment où je vois le premier appel pour l’accouchement.

Mais situons un peu le contexte avant :

Nous nous sommes rencontrés fin novembre dans mon cabinet au tout début de la grossesse. Maman (E.) qui a déjà eu trois enfants sait très bien ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas. Le papa (T.)  est déjà très investi dès notre première rencontre, il a envie d’avoir un rôle à part entière dans cette grossesse et cet accouchement.

La grossesse et son suivi se passent sans encombre, malgré une petite inquiétude lors d’une échographie.

À chaque rencontre, chaque cours de préparation à la naissance, T. fait son possible pour être présent. Tous les deux, vous posez des questions, êtes intéressés et investis.

Plus on se rapproche de la fin de la grossesse, plus je trouve E. sereine. On est persuadé que tout va bien se passer. J’arrive à percevoir une envie d’accouchement à domicile (AAD) que malheureusement, je ne peux pas pratiquer. En effet, en France, il n’existe aucune assurance pour couvrir ces accouchements. Or la loi oblige les sages-femmes à avoir une assurance, mais elle permet aussi aux couples de pouvoir choisir leur lieu d’accouchement… Paradoxe typiquement français…

Ou alors est-ce seulement un 4ᵉ enfant avec 25 minutes pour aller à la maternité qui les inquiète ?

Revenons à ce dimanche soir :

21 h : appel de T. car E. a ressenti une contraction douloureuse. Ils sont inquiets et souhaitent que je vienne.

Je me mets donc en route tranquillement pour me rendre à votre domicile, situé à 20 minutes. De plus, je rencontre peu de circulation.

À mon arrivée, je suis accueilli par T. que je vois soulagé de me voir. Lorsque je passe la porte d’entrée, je trouve E. debout dans le couloir, souriante. Je pense que ça ne sera qu’une visite de courtoisie.

Je procède alors après avoir discuté avec les parents aux vérifications. Bébé va très bien, mais ce n’est pas encore pour aujourd’hui. Il se prépare juste.

De ce fait, je rentre et tout le monde finit sa soirée tranquillement.

La semaine se passe tranquillement jusqu’au lundi 29 juin. Maman désespère de voir le terme se rapprocher… enfin le terme théorique qu’une échographie a bien voulu fixer. Le bébé viendra quand il sera prêt. Faisons-lui confiance.

C’est trois jours après la date prévue que les contractions commencent. E. suit mes conseils, marche, fais du ballon. Elle fait ce qu’elle peut pour stimuler ces contractions.

Je me rends au domicile fin d’évaluer l’avancée du travail. Celui-ci n’est pas encore tout à fait en route, mais vu que c’est un 4ᵉ, je suis assez confiant et je leur propose de nous rendre à la maternité pour accoucher. Maman n’attendait que ça et c’est donc tranquillement que nous partons à l’hôpital, dans notre salle.

Sur le trajet, les contractions s’espacent, au lieu de s’accentuer. Peu importe, nous, les sages-femmes (ou aussi un peu sorcières) avons nos techniques naturelles pour stimuler les contractions et aider à faire venir ces enfants quand c’est le moment.

Nous sommes arrivés vers 18 h 30 à la maternité. À 19 h, je mets en place une astuce connue de trop peu de sages-femmes : un tire-lait pour stimuler les contractions. Pendant une heure, E. va stimuler les contractions qui sont de plus en plus fortes. Je demande également à une amie sage-femme de venir faire de l’acupuncture. Au vu de sa charge de travail, elle ne pourra pas, mais peut-être que l’intention suffit ?

À 20 h, la poche des eaux se rompt, on sait tous les trois que cela s’accélère. E. cherche une position confortable et oscille entre la table, le ballon et la liane. Finalement, cela sera la table.

Je reste respectueusement à distance sur mon ballon, mon meilleur allié de ces moments merveilleux.

La tête arrive, T. le soutien de tout son être, et voit aussi son enfant arriver. La tête sort dans un râle, puis quelque temps après le reste du corps réceptionné par son papa. Ce petit être est là, dans les mains de son père, entre les jambes de sa mère. Ce devrait être le seul endroit pour accueillir un enfant, tout aussi sécuritaire que les mains de soignants.

Voilà 20 h 19, ce petit William est parmi nous avec ses 3 985 g

Nous passerons 4 h à la maternité et toute la petite famille rentrera à la maison pour dormir tranquillement chez soi.

Encore un beau moment….

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