27 janvier 2020, 23 h, fin de réunion. Et d’une journée bien remplie. Malgré une journée dite de repos, j’ai rendu visite à un ami de passage à l’aéroport, eut le temps de faire du sport, monter à cheval et être en réunion téléphonique.

Pourtant, je n’ai pas sommeil. Voilà que depuis le début de l’année, je suis d’astreinte dans l’attente qu’un certain bébé M. pointe le bout de son nez. Heureusement cela a commencé le lendemain du nouvel an et j’ai pu profiter des fêtes de fin d’année.

J’ai rencontré ses parents en début de grossesse. Mme P. et son mari. Le contact passe dès le début. Elle est d’origine américaine est séduite par ce projet, lui en parfait accord avec sa femme souhaite également s’y investir. Nous décidons du suivi ensemble, à chaque consultation, en espérant que le projet du plateau technique voie le jour… Plus l’échéance de la grossesse se rapproche, plus l’inquiétude de l’abandon du projet augmente malgré l’assurance de la direction de l’Hôpital.

Fin d’une grossesse merveilleuse et épanouie, on est prêt. On s’est tous préparés à faire de notre mieux le jour J : Elle, Lui, le bébé et moi pour les protéger.

Quarante semaines d’aménorrhée, le bébé ne souhaite pas se montrer. Je le comprends vu les températures que nous avons. Qu’importe, c’est un premier, et « les bébés ont la force et la sagesse de naître ».

1 h 30 du matin

Je décide d’aller me coucher. J’ai une pensée raisonnable qui me dit que s’il venait à naître cette nuit, j’aurais besoin d’un peu de sommeil. Je me couche donc, mais ne trouve pas le sommeil. J’ai l’esprit envahit par des visions d’accouchement, j’ai beau me tourner dans tous les sens, je n’arrive pas à laisser mon esprit en paix… A posteriori, je pense que c’était une intuition. Depuis la nuit des temps, il est décrit des « petites voix », ou « une voix intérieure » qui sait se manifester au bon moment. Je suis convaincu que l’Univers a une façon de se faire entendre, souvent d’une façon douce pour commencer et si nous ne sommes pas réceptifs de façon un peu plus forte. Comme un parent qui cherche à protéger son enfant.

À partir de maintenant, je vais essayer, et je vous le recommande, de noter ces intuitions, petite voix ou autres et de regarder a posteriori si cela n’a pas de rapport avec les évènements qui suivent.

Enfin le calme arrive. Je commence à m’apaiser. Soudain, le téléphone vibre. Un SMS. Je le saisis immédiatement. Et je lis un SMS du futur papa : des contractions toutes les 3-4 minutes durant presque une minute. Et cela a commencé il y a 3 h.

Je sais que c’est un premier bébé et que c’est sans doute pour cette nuit ou demain. Je fais le point avec lui sur ce qu’elle a déjà fait. Et savoir s’ils ont besoin de moi. Je finis par les appeler, j’entends derrière la future maman. Elle continue de parler. Ils ont suivi mes conseils, ont dansé et fait du ballon depuis le début de soirée. Ils gèrent ensemble les vagues qui s’intensifient et se rapproche. Elle sait même qu’elle est à sans doute 4 cm.

Finalement, ils sont bien préparés et me disent qu’ils n’ont pas besoin de moi. En vérité, ils n’en auront jamais besoin, « La femme à tout en elle pour accoucher de son bébé et de son placenta ».

Je raccroche et trouve le sommeil rapidement.

6 h 30 appel. Je me réveille en pleine forme. Ces heures de sommeil ont été mon salut. Finalement, le Destin fait bien les choses.

Les contractions sont de plus en plus rapprochées et douloureuses. Ils ont besoin de soutien. Je me prépare et me mets en route. Sur la route une euphorie m’envahit, j’essaye de me concentrer et de mettre en place un petit rituel. Une musique apprise lors d’un séminaire.

Nous sommes un, nous sommes deux,

Nous sommes un, nous sommes deux,

Il n’y a qu’une rivière, il n’y a qu’un océan

Qui coule à travers moi, qui coule à travers toi

Nous sommes un, nous sommes deux,

Nous sommes un, nous sommes deux,

Il n’y a qu’une rivière, il n’y a qu’un océan

Qui coule à travers toi, qui coule à travers moi

Vous pouvez la découvrir dans le film « Enchantement » en libre accès sur YouTube que je vous recommande.

Arrivée en quelques minutes au domicile, je sors le matériel et pénètre dans la demeure. Je retrouve la future maman sur son ballon, encore souriante. Le papa est là également. Dès qu’une contraction se présente, il la rejoint, et lui masse le dos, ou les cheveux. Elle a l’air d’adorer ça, cela semble la soulager.

Nous écoutons ensemble le bébé qui se porte à merveille. Puis je décide d’examiner la maman. 7 cm…. Je n’y crois pas et vérifie une seconde fois. C’est bien ça, et elle paraît si sereine.

Je les avertis donc qu’il est temps de partir à la maternité.

7 h 30, on se rhabille, et j’aide la future mère à se rendre au véhicule. Nous partons pour 30 min de trajet.

Sur la route, je préviens la maternité de notre arrivée, et me concentre encore…

L’arrivée à la maternité, à peine le temps de poser mes affaires que le couple est déjà en bas. Je récupère la maman, et l’aide à se rendre dans notre salle nature, pendant que le futur père va se garer pour nous rejoindre.

Les contractions se sont un peu espacées, ce qui nous a permis d’arriver tranquillement à la maternité. Nous faisons quelques arrêts dans le couloir devant le regard compatissant des visiteurs. Une fois arrivée, elle se jette sur le matériel à sa disposition : des lianes, un lit rond, un banc d’accouchement.

Le papa nous rejoint quelques minutes plus tard. Il est 8 h 30.

9 h 15 La patiente se sent bien sur le lit, à quatre pattes. Elle ne dit rien entre les contractions, nous respectons ce silence. J’ai mis une musique douce, et des lumières tamisées. La lumière du jour arrive petit à petit dans la pièce. Tout est parfait.

Elle commence à avoir des cris rauques pendant les contractions, des poussées irrésistibles. Elle sent ce pouvoir, cette force l’envahir et ce bébé descendre. Elle trouve même le temps de nous faire rire entre les contractions avec ses expressions.

Je suis assis sur un ballon à proximité et j’observe. J’observe cette magie, ce moment unique qui se déroule sous mes yeux. Cette naissance, au-delà de ce moment inoubliable, représente aussi la concrétisation d’un travail acharné au service des femmes : le droit à une naissance respectée.

J’aperçois la tête de M. se rapprocher, et je décide de faire confiance, en hands off. Pas de raison que ça change, tout est si parfait. Pendant les contractions, nous écoutons également son cœur, il est en pleine forme.

Ça y est, la tête sort. Elle l’a sentie. Cela lui offre quelques minutes de répit. Pas de raison de se précipiter entre la sortie de la tête et le reste. Je lui laisse apprécier ce moment.

Le papa se rapproche et veut essayer de récupérer son enfant. Nous le voyons au bout de quelques minutes faire une rotation sous nos yeux, et être expulsé d’un coup ! Bien trop rapidement pour que nous puissions l’attraper. Il finit donc quelques centimètres plus bas, sur le lit, dans un râle maternel. Ça y est, il est né. 9 h 40, une heure après notre arrivée.

Quelle puissance, quelle belle naissance.

Après quelques secondes, la mère le saisit et le colle contre elle. Elle s’allonge, le père à ses côtés pour savourer ce qu’il vient de se passer.

Je vérifie que tout se passe bien, et m’éclipse pour les laisser entre eux. Je reviendrais régulièrement, puis nous attendrons une heure pour sortir le placenta qui glisse tout seul. Nous essayerons même de faire son empreinte : je dois encore m’améliorer au vu du résultat.

Au bout de 3 h, une fois les vérifications faites, je décide de les laisser. Ils patienteront qu’une chambre se libère, car ils ont décidé de rester un peu à la maternité.

Ce jour marquera le début d’une belle histoire entre nous, et d’une aventure qui ne fait que commencer….

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